Sur les routes d’Algérie,
Sur les routes d’Algérie,
Algérie, que cache ton silence ?
Pays que l’on devine, à peine,
Dans la lumière d’un matin tiède.
Ton nom flotte, discret,
Chargé d’un passé qu’on sent blessé.
Tes montagnes brûlées, tes plaines sans fin,
Sous le ciel bleu pâle et les parfums de jasmin,
Reposent, fatiguées,
Et la mer, en face, ne sait plus quoi attendre.
La terre, autrefois féconde,
ne chante plus la récolte :
Les champs s’endorment,
Le vent se tait,
Et l’espoir s’amenuise.
On parle de liberté.
Mais les chaînes sont là,
Refaites, repeintes,
Et les promesses sonnent creux.
La peur s’est installée :
Dans les regards, dans les silences,
Dans les mots qu’on évite d’écrire.
Les femmes se tiennent debout,
fortes, présentes —
Mais freinées,
Par des traditions trop lourdes,
Des lois floues,
Et des jugements tenaces.
La presse se tait.
Les rires s’éloignent.
La musique hésite.
Et le théâtre des jours s’efface.
Pourtant ton peuple tient bon :
Fier, digne, accueillant,
Malgré les obstacles.
L’islam, dans sa tendresse, peut être lumière.
Mais quand il devient contrôle,
Il étouffe ce qu’il devrait élever.
Et toi, Algérie,
Avec ta mémoire ancienne
Et tes rêves suspendus,
Tu avances à tâtons,
Comme un livre dont les pages collées
attendent qu’on les ouvre enfin.